lundi 30 avril 2012

Refus de complément AEEH : je suis en colère

Et ça recommence. Comme chaque année, j’ai envoyé notre dossier de renouvellement MDPH.
Cette année, on avait tout à renouveler :
Taux d’incapacité, allocation avec complément, carte d’invalidité, scolarité en milieu normal, AVS, la totale.

La situation actuelle est la suivante : 80 % d’invalidité avec mention tierce personne sur la carte, AEEH avec 3e complément, scolarité au collège à temps plein et 21 H d’accompagnement AVS.
Cest la même situation depuis des années : Valentin est né autiste, il a été diagnostiqué officiellement à l'âge de 3 ans et il sera autiste toute sa vie. Nous travaillons à l'aider à vivre avec son handicap mais il devra toute sa vie être aidé, suivi et bénéficier de sur mesure.

Je viens de recevoir un courrier de la MDPH disant que notre dossier de renouvellement a été enregistré le 2 avril et la MDPH nous propose le plan de compensation suivant :
Taux d’incapacité supérieur ou égal à 80 % mais refus du complément d’AEEH.

Chaque année c’est la même chose, la MDPH nie mon rôle d’accompagnante de Valentin et refuse le complément. Chaque année je dois faire appel alors que la situation ne varie pas. Combien d’années encore ce cauchemar annuel va-t-il durer ?

Chaque année je dois rédiger des pages de courriers détaillés, joints au dossier pour expliquer, justifier. Chaque année la MDPH n’en tient pas compte. Chaque année je fais des courriers de procédures d’appel, je perds mon temps à me déplacer en commission pour expliquer, argumenter, répondre aux questions suspicieuses. C’est humiliant ! Cela débouche toujours sur des successions de procédures d’appels et donc des courriers, des déplacements… du temps perdu, des frais, du stress.
En 2009 je suis même allée jusqu’au niveau de la Cour Nationale d’Incapacité à Amiens, encore un dossier énorme à monter,  je me suis déplacée une journée à Amiens devant la Cour pour me défendre. La Cour nous a donné raison en 2011 ! Entre parenthèse, les membres de la Cour Nationale ont été d’une grande humanité et fortement choqués de la façon dont les MDPH nous traite.
La CAF a dû verser tous les arriérés de compléments non versés pendant plusieurs années. Mais cela ne leur a pas suffit, ça recommence !

Comme si j’avais pris la décision d’abandonner mon emploi de cadre à temps pour un petit poste d’appoint en télétravail à temps partiel payé 4 fois moins et dont la retraite sera minable, par plaisir, fainéantise ou facilité !
Non ! En dehors des temps scolaires, Valentin a besoin de calme et de repos pour se ressourcer. Je ne peux pas le mettre dans un centre de loisirs les mercredi et pendant les vacances scolaires. Il doit se reposer à la maison. Pour cela j’ai deux solutions, soit je suis la personne qui reste à ses côtés à la maison, soit j’embauche une personne pour le faire , soit à la louche une dépense de plus de 12 000 euros par an, sans aucune assurance de trouver une personne qui accepte un temps de travail aussi décousu et qu’elle comprenne le fonctionnement de Valentin. Et avec 12 000 euros de dépense par an, ça fait du 1000 euros par mois, donc on dépasse le complément 4e catégorie, puisqu’il est attribué quand les dépenses sont d'au moins 653 euros par mois ….

Je précise par ailleurs que pendant ces temps, sa petite sœur de 4 ans, ne reste pas à la maison mais va au centre de loisirs. Je me consacre entièrement à Valentin.
Si la MDPH préfère dépenser plus, que je reprenne un emploi à temps plein et me payer toutes les dépenses dues à l'embauche d'une tierce personne qui restera avec Valentin quand il n'est pas au collège et que je suis au travail, la note va être salée !

Je suis en colère !


dimanche 29 avril 2012

Jane Goodall, une femme exceptionnelle

J'ai regardé ce soir sur Arte une émission exceptionnelle sur la vie de Jane Goodall. J'avais déjà lu des articles sur cette femme formidable et je n'ai pas manqué une seule seconde du documentaire. Il est rediffusé samedi 5 mai à 16 heures 10. Si vous ne l'avez pas vu ce soir, essayez de le revoir le 5 mai. C'est tellement rare de voir des documentaires sur des femmes aussi exceptionnelles.

En octobre 1960, la primatologue britannique Jane Goodall observe un chimpanzé en train de fabriquer et d'utiliser des outils pour attraper des termites.  C'est la première à faire remarquer que les singes fabriquent et utilisent des outils. Ses recherches transforment le regard porté sur les primates et sur la distinction entre eux et les hommes. Cette découverte ébranle la définition de « l'être humain » de l'époque qui attribuait alors ce comportement exclusivement à l'homme.  Jane a consacré sa vie à étudier les singes dans leur milieu naturel.

Après avoir pris conscience des dangers qui menacent la planète, elle choisit de se consacrer à la défense de l'environnement, arpentant sans répit le monde pour cela. Cette femme exceptionnelle est sur la route plus de 300 jours par an. Elle est déterminée à utiliser toutes les minutes de sa vie, pour sauver les chimpanzés et motiver les gens - jeunes et vieux - à faire ce qu'ils peuvent pour un monde meilleur.

En 1991, avec un groupe d'étudiants tanzaniens, elle fonde les programme Roots & Shoots dont l'objectif est de faire que des changements positifs se produisent-pour nos collectivités, pour les animaux et pour l'environnement. Avec des centaines de milliers de jeunes dans plus de 120 pays, le réseau Roots & Shoots relie les jeunes qui partagent ce même désir de créer un monde meilleur. Grâce à des projets de service, des campagnes, des événements et un site Web interactif, Roots & Shoots permet d'aider les jeunes à créer un avenir plein d'espoir.



Jane Goodall avec sa mascotte qui ne la quitte jamais


http://www.janegoodall.org/

http://www.janegoodall.org/programs/youth

samedi 28 avril 2012

Mirabelle avec les enfants

Après 24 heures nous avons enfin sorti Mirabelle de sa cage pour lui faire des calins et faire connaissance. Elle est passée de bras en bras. L'occasion d'apprendre la patience pour Rose qui n'arrête pas de crier "A moi, à moi".  Ca n'est pas gagné.
Valentin est aux anges, ils développent des tonnes de douceur pour caliner Mirabelle.








Idée simple pour relancer la croissance

J'ai trouvé la solution pour relancer la croissance : organiser des rencontres de petites filles qui en voulant imiter leurs copines vont taner leurs parents pour acheter les mêmes accessoires.

A chaque fois que ma fille de presque 4 ans, va chez une copine, elle revient en insistant pour avoir la même robe de princesse, le même collier etc... et hier nous avons acheté un cochon d'inde après avoir rendu visite à une copine équipée de deux cochons d'inde.

Résultat : environ 100 euros de dépensé pour l'animal, son loft/cage, un sac de litière, un sac de foin, un sac de nourriture, des vitamines. Multipliez par le nombres d'enfants en France... ca relance la croissance !

Ca vaut aussi pour les grandes filles et les garçons qui auront envie d'un nouveau jeu, d'une nouvelle console et j'en passe.

Alors, je vous présente Mirabelle, notre cochon d'inde qui participe à la relance de la croissance.

Mirabelle tapie au fond de sa cage

Le loft de Mirabelle



Troisième peine consécutive aux États-Unis pour masquer les effets néfastes du Risperdal.

Troisième peine consécutive aux États-Unis pour avoir masqué les effets néfastes du Risperdal.

La compagnie pharmaceutique Janssen a été condamné par un tribunal de l'Arkansas à payer une amende de 1.200 millions de dollars pour avoir caché et minimisé les risques de l'utilisation de Risperdal ( rispéridone ) : risque d'accident vasculaire cérébral et de décès chez les patients atteints de démence de la vieillesse, l'apparition de crises convulsives, gain de poids significatif ou de l'apparition du diabète, entre autres effets secondaire.

Le médicament est utilisé dans le traitement de la schizophrénie, l'autisme et la démence chez les patients d'Alzheimer.

Johnson & Johnson avait précédemment été condamné par un tribunal en Caroline du Sud à payer 327 millions de dollars pour les mêmes circonstances et en Janvier de cette année a atteint un accord pour verser une indemnité de 158 millions de dollars au Texas en échange de plaider coupable.

Le mois prochain verra un processus similaire pour la peine existante en Pennsylvanie, bien que la société a ouvert onze autres processus dans onze Etats différents pour des problèmes similaires.

Les ventes de ce médicament s'élevait à 4.500 millions de dollars en 2007, et de la perte du brevet est tombé à 3.400 millions en 2008 et 527 millions en 2010. Ce n'est pas une baisse générale des ventes du produit générique, mais le produit sous la marque de Johnson & Johnson.

Les spécialistes ont dit de nombreuses choses pendant un certain temps sur l'utilisation des antipsychotiques de deuxième génération. Dans le cas où les risques l'emportent sur les avantages il faut peser très sérieusement la faisabilité d'un médicament. De même, les lobbyistes travaillent à interdire l'administration de ces médicaments chez les enfants, compte tenu de leur nombre élevé d'effets secondaires et dangereux pour la santé. Il faut savoir quels sont leurs effets à long terme sur l'administration de ces médicaments au enfants.

La famille de médicaments antipsychotiques de 1ère et 2e génération ont connu une augmentation spectaculaire des ventes au cours de la dernière décennie, et en particulier chez les enfants. De l'avis de certains experts en autisme consultés par le Journal l'utilisation des antipsychotiques chez les enfants atteints du TDAH (cas confirmé ou non) ou des cas de troubles du spectre autistique (confirmés ou non) apporte une prise de risque inutile pour la santé des enfants. "

Voir l'article : http://autismodiario.org/2012/04/15/tercera-sentencia-condenatoria-consecutiva-en-los-ee-uu-por-ocultar-los-efectos-adversos-del-risperdal/

jeudi 26 avril 2012

Touiteur ou pas touiteur ?

Le magazine GLAMOUR a sélectionné les 50 comptes francophones à avoir dans sa Timeline Twitter.

Accroche de l'article : "Twitter est devenu en quelques mois "the place to be". Mais quand on y connait rien, comment savoir qui sont ceux qu'il faut suivre pour sentir vibrer ce réseau social ?"

Comment savoir ? parce qu'on a besoin qu'on nous dise qui suivre ou pas, comment penser et quoi penser aussi ?
Pour moi la réponse est : pas touiteur !

Je n'aime pas touiteur et les personnes scotchées à leur fil touiteur comme à une perfusion auraient surement mieux à faire dans la vraie vie que d'être suspendue à ce point à des hypothétiques infos sans aucun intérêt. Lire des touite du genre "bonjour je viens de me lever et il pleut" et 2 mn après "je vais aller m'acheter des escarpins rouge" ne m'inspire qu'un seul commentaire : "on s'en fou !".

Non vraiment pour moi touiteur n'est pas la place où être (in french please) et on vit très bien sans "timeline".... timeline ... pffff.  Je me fou de savoir ce que fait, voit, mange, écoute une fille soit disant ultra branchée que je ne connais pas. Pour moi tweeter et le pire de la communication. Ecrire en moins de 140 caractères est un appauvrissement de la communication et la langue française.

Certes,  j'ai aussi un compte touiteur parce que c'est un accessoire de mon travail et qu'il fait partie de ma panoplie de "community manager" ou "animatrice de communauté" (c'est aussi bien non ?) mais je ne l'utilise pas, parce que j'aime pas !

Dans ces 50 comptes touiteur, il y a des personnes que j'aime bien et dont j'aime bien le blog mais je n'ai pas envie de les touiter.

J'ai déjà des amis sur Facebook, des vrais hein, pas des qu'on rajoute pour faire du chiffre et épater des gens qu'on ne connait pas, des amis dont je suis la vie de loin, via Facebook, ça rapproche un peu, ça tient chaud, ça permet de garder un lien pour ne jamais se perdre et rester un peu dans leur vie, de partager des idées communes ou pas.

Je n'ai pas envie d'avoir des followers ou d'en être une. Na ! c'est dit !


mercredi 25 avril 2012

Réponse de Jacques Van Rillaer à Elisabeth Roudinesco



Interrogée pour le récent dossier du Nouvel Observateur intitulé Faut-il brûler la psychanalyse ?, l’ambassadrice française du mouvement lance un appel à des confrères qu’elle estime « désengagés de la société » et « enfermés dans des chapelles », ceci tout en distillant à nouveau quelques mythes freudiens dont elle a le secret.

Rompu au décodage de ces légendes, Jacques Van Rillaer nous livre une analyse judicieuse de ces affirmations que le lecteur pourra également télécharger directement sur son site.


Analyse des affirmations de

Mme Elisabeth Roudinesco

dans

« Psychanalystes, critiquez vos dérives, il en va de votre survie ! »

Le Nouvel Observateur, 19 avril 2012, p. 100-101

par

Jacques Van Rillaer

Professeur de psychologie émérite

à l’université de Louvain


Commençons par reconnaître à Mme Roudinesco le mérite de quelques énoncés évidents pour les non-adeptes de la psychanalyse, mais irritants pour les freudiens et les lacaniens.


1) « Des imposteurs, il y en a, c’est vrai, et probablement plus que dans d’autres disciplines, car le psychisme est un domaine moins tangible »


Le domaine des psychothérapies et de la psychiatrie est évidemment « moins tangible » que beaucoup d’autres. Lorsqu’un ingénieur fait un pont et que ce pont s’écroule, on en déduit illico que sa méthode de travail laisse à désirer. Lorsqu’un patient ne va pas mieux ou va moins bien, on peut toujours dire que le cas est désespéré, qu’il irait encore moins bien sans le traitement, qu’il tire des bénéfices de sa maladie, qu’il est victime de la pulsion de mort, etc.

L’évaluation des psychothérapies nécessite des statistiques convenables, ce qui suppose des équipes universitaires honnêtes et disposant de budgets importants.

Le charlatanisme est plus facile et plus fréquent dans le champ psy que dans beaucoup d’autres. Un exemple illustre est sans doute Jacques Lacan qui, à la fin de sa vie, reconnaissait être en quelque sorte un escroc. Il déclarait notamment :

« Notre pratique est une escroquerie, bluffer, faire ciller les gens, les éblouir avec des mots qui sont du chiqué, c'est quand même ce qu'on appelle d'habitude du chiqué. [...] Du point de vue éthique, c'est intenable, notre profession ; c'est bien d'ailleurs pour ça que j'en suis malade, parce que j'ai un surmoi comme tout le monde. [...] Il s'agit de savoir si Freud est oui ou non un événement historique. Je crois qu'il a raté son coup. C'est comme moi, dans très peu de temps, tout le monde s'en foutra de la psychanalyse ».


Quelques jours plus tard, Lacan reviendra sur ce terme, à Paris, en précisant que « la psychanalyse est une escroquerie qui tombe juste par rapport à ce qu’est le signifiant »[1]

Aujourd’hui tous les historiens du freudisme admettent que Freud a fraudé quand il parlait de l’efficacité de sa méthode. On sait moins que Lacan était aussi cynique et menteur que lui. Lacan a fondé son Ecole pour une raison que lui et ses adeptes — en particulier son gendre J.-A. Miler — ont soigneusement dissimulée.

Pour en savoir plus sur les mensonges lacaniens, voir un des sites suivants :





2) « Leurs sociétés [de psychanalyse] fonctionnent comme des corporations professionnelles. […] Les psychanalystes se sont enfermés dans des chapelles »


Les sociétés de psychanalyse, comme d’autres sociétés professionnelles, font du lobbying et cherchent à défendre des intérêts commerciaux. Toutefois, le freudisme a très rapidement pris l’aspect d’une chapelle, puis d’une Eglise. Déjà en 1910, Bleuler, qui avait fait un temps partie du groupe des freudiens, parlait de « secte intolérante »[2]. Peu après, Alfred Hoche, professeur de psychiatrie à Fribourg, parlait d'« une secte fanatique obéissant aveuglément à son chef ». En 1920 Havelock Ellis, avec
lequel Freud avait entretenu une correspondance amicale, écrivait : « Il est malheureux que Freud ait d'abord été le chef d'une secte, sur
le modèle des sectes religieuses »
[3].

Les choses n’ont pas été meilleures dans l’aventure lacanienne. Au soir de sa vie, Lacan a dissout son École en invoquant ce fait. Dans sa fameuse « Lettre de dissolution », il écrivait avoir reconnu que son École, « est devenue une Église, comme l’École de Freud ». Il ajoutait : « J'ai échoué — c'est-à-dire me suis embrouillé. », « on sait ce qu'il en a coûté, que Freud ait permis que le groupe psychanalytique l'emporte sur le discours, devienne Église. »

Dix jours plus tard, il revenait sur son échec en disant : « il faut bien que j'innove, puisque cette École, je l'ai loupée, d'avoir échoué à produire des Analystes d'icelle (A.E.)[4] qui soient à la hauteur ». Il mourait quelques mois plus tard, ayant institué une nouvelle Ecole au profit de son gendre, J.-A. Miller.

Pour lire tout le texte, voir :




3) « Les psychanalystes sont des esthètes sceptiques désengagés de la société. Surtout, ils prétendent soigner les souffrances sur un modèle ancien. Or les pathologies ont changé. […] Au temps de Freud, les patients étaient de grands bourgeois, qui avaient le temps et l’argent »


En réalité, les différentes pathologies ont peu changé. Il y a toujours des troubles obsessionnels, des attaques de panique, des schizophrénies, des assuétudes, du sado-masochisme, etc. Quand on lit Les patients de Freud[5] — actuellement la meilleure présentation des cas traités par Freud — on constate que la majorité des clients de Freud étaient des femmes riches, désœuvrées et frustrées. De tels clients existent toujours et restent la meilleure indication pour l’analyse freudienne[6].

E. Roudinesco a raison de dire que le modèle freudien est un modèle ancien. Vers 1900, Freud avait conceptualisé sa théorie et sa pratique. Ses adeptes ont rajouté des notions, mais n’ont quasi rien abandonné de son édifice conceptuel. Nous sommes en 2012. Des milliers de psychologues scientifiques ont fait des recherches dans des universités de haut niveau. Il est incontestable que des progrès considérables ont été fait, mais avec un autre modèle. La psychanalyse est comme un zeppelin. On peut améliorer le fonctionnement des zeppelins, mais cela reste des engins qui n’ont pas l’efficacité des avions.

*          *          *

A côté de ces propos pertinents, E. Roudinesco énonce des légendes.

Nous avons déjà eu l’occasion d’en analyser une longue série. Le Nouvel Observateur avait présenté notre analyse, sous une forme résumée :


Pour une présentation détaillée :


En voici d’autres :

Légende n°1. L’enseignement de la psychologie ne prend pas en charge l’inconscient


Mme Roudinesco écrit[7] :

« La psychanalyse, comme formation de psychopathologie, est enseignée dans les départements de psychologie, laquelle n’est pas prête à prendre en charge l’inconscient et n’a pas la culture liée à sa compréhension »

Assez curieusement, elle écrit quelques lignes plus bas :

« Nous ne sommes plus en 1900, la psychanalyse est passée dans la culture et les gens savent qu’ils ont un inconscient. Leur demande n’est plus de le découvrir, mais souvent de résoudre une situation concrète »

Autrement dit, tout le monde sait qu’on a un inconscient. L’université enseigne la psychanalyse, mais « n’a pas la culture liée à sa compréhension » … En réalité, s’il y a bien un pays au monde où la psychanalyse est partout, c’est la France (on peut ajouter l’Argentine et le Brésil). Mme Roudinesco souligne d’ailleurs très volontiers cette « exception française » :

« La France est le seul pays au monde où ont été réunies pendant un siècle les conditions nécessaires à une intégration réussie de la psychanalyse dans tous les secteurs de la vie culturelle, aussi bien par la voie psychiatrique que par la voie intellectuelle. Il existe donc dans ce domaine une exception française[8] »

Dans les universités françaises, l’enseignement de la psychologie clinique est quasi entièrement aux mains de psychanalystes. Dans ces départements, les étudiants entendent parler sans arrêt de l’Inconscient. Chacun peut facilement le vérifier.



Légende n°2. La psychiatrie c’est les TCC et les TCC c’est la réduction de l’homme à ses neurones


Mme Roudinesco écrit :

« La psychiatrie s’est ralliée aux thérapies cognitivistes et comportementalistes (TCC) qui renvoient à une conception de l’homme réduit à ses neurones. Bien sûr, les pathologies peuvent avoir une dimension organique. Mais, même là, le médicament ne suffit pas: il faut aussi prendre en compte la part subjective du patient ».

Toute  personne qui connaît le monde psy français sait qu’il y a une majorité de psychiatres qui sont encore d’orientation freudienne ou lacanienne. Faut-il s’étonner de cette affirmation « statistique », manifestement fausse, de Mme Roudinesco ? Non quand on sait à quel point le mot « évaluation » lui fait horreur.

Il est vrai que parmi, les thérapeutes cognitivo-comportementalistes français, il y a davantage de psychiatres que de psychologues (contrairement à la majorité des autres pays). Cela tient au fait que les psychiatres sont médecins et que les médecins français sont formés dans l’esprit de Claude Bernard (vérifier méthodiquement au lieu de discourir). Tandis que les psychologues cliniciens français sont formés dans une tradition philosophique et littéraire, où la psychanalyse est devenue le paradigme par excellence.

Les praticiens des TCC ne voient-ils en leurs patients que des neurones ? Toute personne qui a bénéficié de TCC peut en témoigner. La « part subjective » de leur existence est tout à fait respectée, ce qui est loin d’être le cas chez les psychanalystes, en particulier les lacaniens.

Pour voir comment Lacan menait ses cures, voir :



Mme Roudinesco fait croire que les praticiens des TCC soignent essentiellement par médicaments. Ridicule. D’une part, bon nombre de ces praticiens sont des psychologues non médecins qui ne peuvent pas prescrire de médicaments, d’autre part, les psychiatres TCC s’efforcent de traiter autrement que par des médicaments mais, il est vrai, en donnent quand cela paraître nécessaire (dépressions endogènes, bouffées délirantes, etc.).

Soulignons que le titre de « comportementaliste » n’a pas plus de valeur légale que celui d’analyste, psychanalyste, graphologue ou astrologue. Ce sont des titres dont n’importe qui peut se prévaloir dans n’importe quel pays de la planète, qu’il ait fait des études ou non. Il est parfaitement possible que des personnes qui se dénomment comportementalistes (ou expert « ABA ») fassent n’importe quoi. Il faut donc prendre pour références des représentants de renom, reconnus par la communauté des comportementalistes. En France, p. ex. Chr. André, J. Cottraux, C. Cungy, F. Fanget, P. Légeron, Chr. Mirabel-Sarron, A. Sauteraud.



Légende n° 3. Freud menait des thérapies courtes


Mme Roudinesco écrit :

« Je crois possible, dans le cadre de la psychanalyse, de mener des thérapies courtes avec des séances longues, comme le faisait Freud. »

Pour voir à quel point les cures freudiennes étaient longues (à raison de 6 séances de 50 minutes par semaine), voir p.ex. Borch-Jacobsen : Les patients de Freud (éd. Sciences humaines).

Mme Roudinesco sait cela. Elle-même a d’ailleurs donné des exemples de cette longueur. Dans le hors-série Sigmund Freud. La révolution de l’intime, publié par Le Monde en 2010, elle écrit que « l’analyse de Marie Bonaparte se déroula par intermittence de 1925 à 1938 » (p. 18) — autrement dit : sur 13 années — et que l’analyse de sa propre fille, Anna Freud, dura 6 ans (id., p. 16). En ce qui concerne Anna, cette durée peut s’expliquer par le fait que la fille de Freud était particulièrement névrosée.

Freud lui-même précise, en 1904, que la durée d’une cure est « de 6 mois à 3 ans », « à condition que le patient soit capable d'un état psychique normal ». Au fil des ans, il est devenu de plus en plus pessimiste quant aux résultats des analyses thérapeutiques (lui-même se limitant à des analyses didactiques de personnes venant chercher auprès de lui la reconnaissance officielle d’analyste freudien).

En 1933, il avoue que « le traitement d’une névrose d’une certaine gravité s’étend facilement sur plusieurs années » et ajoute que « dans bien des cas, nous avons toute raison de reprendre une analyse après de nombreuses années[9] » !

Dans des conversations privées, Freud était encore plus pessimiste sur les effets curatifs de sa méthode. Paul Roazen rapporte dans Dernières séances freudiennes. Des patients de Freud racontent :

« Freud ne cachait pas qu’il était devenu sceptique, notamment sur l’effet thérapeutique de la psychanalyse. Lorsque quelque chose de “classique” arrivait dans l'analyse du Dr Putnam, il lançait en riant : “Ne vous ai-je pas dit que la psychanalyse était une excellente chose pour des gens normaux ?” En privé, Freud considérait souvent avec ironie ce qu'il avait accompli. (Plus tard, Anna Freud n'acceptera pas l'opinion de ceux prétendant que si un patient était capable de se plier entièrement aux exigences d'une analyse et était en assez bonne santé pour supporter tout ce qui lui était demandé, c'est qu'il n'avait pas besoin d'un tel traitement. Mais Freud lui-même avouait volontiers, tout au moins à quelqu'un comme le Dr Putnam, avec qui il s'entendait si bien, que la psychanalyse n'était indiquée que pour les gens en excellente santé.) [10]»

Roazen est-il un historien de la psychanalyse fiable ? Certainement. C’est aussi l’avis de Mme Roudinesco, qui écrit dans sa nécrologie, parue dans Le Monde le 22 novembre 2005 : « A l’évidence, les ouvrages de Roazen sont devenus indispensables à qui veut comprendre l'histoire si charnelle et si passionnelle de la saga freudienne. »



Légende n° 4. Sans la psychanalyse, la société va à la catastrophe


Mme Roudinesco affirme, en concluant :

« Les associations d’analystes doivent édicter des règles, et c’est aussi le sens de l’appel que nous leur lançons : critiquez vos dérives, il en va de la survie de la psychanalyse. Sinon, nous irons vers une société organique où nous serons traités comme des objets »

Rappelons ce que Mme Roudinesco écrivait dans son best-seller que « la France est le seul pays au monde où ont été réunies pendant un siècle les conditions nécessaires à une intégration réussie de la psychanalyse dans tous les secteurs de la vie culturelle ». En fait, il n’y a plus que trois pays au monde où la psychanalyse est omniprésente dans les médias, la vie culturelle, les fac de psycho et la psychiatrie : la France, l’Argentine et le Brésil.

En France, cette omniprésence s’explique notamment par « l’effet Lacan » : Lacan a connu un succès considérable en ouvrant son Ecole à tout qui veut faire de la psychanalyse[11] et en séduisant les philosophes des lycéens et des universités[12]. Cette omniprésence s’explique aussi par le contenu des cours de philo dans les lycées. Michel Onfray a bien décrit l’excitation des élèves et des enseignants au moment où il est question de Freud et de son Inconscient :



Faut-il en conclure que dans les autres pays du monde — par exemple la Hollande et les pays nordiques, où la psychanalyse a perdu tout crédit — les citoyens sont traités comme des objets ? En réalité, la psychanalyse ne protège nullement contre la dictature, comme l’a bien montré l’exemple de l’Argentine. Il faut lire à ce sujet l’ouvrage de Plotkin Histoire de la psychanalyse en Argentine.

L’historien montre que les régimes militaires argentins ont persécuté des ouvriers, des militants politiques, des enseignants, des sociologues et des psychologues, mais très peu de psychanalystes : uniquement ceux qui étaient politiquement engagés. Bien plus, « la diffusion massive de la psychanalyse se produisit précisément durant les années 1960 et 1970, alors que le pays était gouverné par des dictatures militaires ou des régimes démocratiques faibles qui restreignaient les libertés publiques » (p. 353). La grande majorité des psychanalystes se sont retranchés derrière « la neutralité analytique » et sont restés confinés dans leurs cabinets. Nombreux ont été les psychanalystes qui ont prôné des idées conservatrices sur la famille, la société et l’individualisme. Certains, comme Rascovsky, membre fondateur de l’Association psychanalytique argentine, ont même prêté main forte aux militaires en affirmant que « le terrorisme est une maladie  » causée par « la crise de la famille traditionnelle  » (p. 350).

Pour une présentation de cet ouvrage, voir :




Un des mécanismes de défense privilégiés de Mme Roudinesco, J.-A. Miller, R. Gori et autres lobbyistes de la Cause freudienne est d’inspirer la peur : les TCC c’est la réduction de l’homme à ses neurones, c’est le gavage aux médicaments ; l’affaiblissement du freudo-lacanisme c’est la porte ouverte au totalitarisme, à la dictature, à une société où vous serez tous des « objets ».

Pour une réponse détaillée à ces sophismes et une présentation des autres mécanisme de défense des freudiens et lacaniens, voir








[1] Pour lire tout le texte, télécharger :

http://icampus.uclouvain.be/claroline/backends/download.php?url=L0xhY2FuLkVzY3JvcXVlcmllLlN1aXRlLmRvYw%3D%3D&cidReset=true&cidReq=EDPH2277


[2] A propos de Bleuler, dans le Lacanquotidien de ce 23 avril, la lacanienne Agnès Aflalo écrit :

« Il est surprenant de voir l’autisme utilisé pour attaquer encore la psychanalyse alors que c’est elle qui l’a reconnu et théorisé – c’est d’ailleurs Bleuler qui en a forgé le terme en hommage à Freud ».

C’est un mensonge de plus visant à promouvoir le lobby lacanien. En fait le mot « autisme » a été créé en 1911 par le psychiatre Eugen Bleuler pour se démarquer de l'« autoérotisme » freudien. « Se démarquer » et « en hommage » ne sont vraiment des synonymes…

Freud n’a en rien contribué à l’étude de l’autisme. On ne trouve pas une seule fois ce mot dans l'Index des œuvres complètes en Allemand (Gesammelte Werke, vol XVIII), le Vocabulaire de la psychanalyse de Laplanche et Pontalis ou l'Index thématique des œuvres de Freud d’Alain Delrieu (1568 pages).


[3] Pour les références précises, voir J. Van Rillaer, Les illusions de la psychanalyse, éd. Mardaga, p. 247s.


[4] « A.E. » signifie « Analyste de l’Ecole ».


[5] Mikkel Borch-Jacobsen (2011) Les patients de Freud. Ed. Sciences Humaines, 224 p.


[6] Dans les termes de Michel Houellebecq : « Impitoyable école d'égoïsme, la psychanalyse s'attaque avec le plus grand cynisme à de braves filles un peu paumées pour les transformer en d'ignobles pétasses, d'un égocentrisme délirant, qui ne peuvent plus susciter qu'un légitime dégoût. » (Extension du domaine de la lutte. Maurice Nadeau, 1994).


[7] Le texte paru dans le N.O. est une interview réalisée par Eric Aeschimann. Pour avoir été moi-même interviewé à plusieurs reprises par le N.O., je puis affirmer que cet hebdomadaire a la correction de demander aux personnes interviewées de relire et corriger avant de publier. Vu le prestige de Mme Roudinesco, je ne doute pas qu’on lui ai soumis son interview avant publication.


[8] Pourquoi la psychanalyse ?, Fayard, 1999, p. 130


[9] Nouvelle suite des leçons d'introduction à la psychanalyse (1933), Œuvres complètes, PUF, XIX, p. 241.


[10] Dernières séances freudiennes. Des patients de Freud racontent. Paris : Seuil, 2005, p. 228s.


[11] sur les raisons de l’abondance des analystes lacaniens, voir le document « Abondance.lacaniens » sur le site : http://www.icampus.ucl.ac.be/claroline/course/index.php?cid=EDPH2277


[12] sur la séduction des philosophes par Lacan, voir sur le même site le document : Lacan.Borch-Jacobsen.Books.pdf

Ce que m'inspire la dernière déclaration de Marcel Rufo dans une interview du magazine Déclic

Ce que m'inspire la dernière déclaration de Marcel Rufo dans une interview du magazine Déclic :
http://www.magazine-declic.com/Marcel-Rufo-entretien-tiens-bon-980976.html

Marcel Rufo dit : « Je ne fais plus de diagnostic ... C’est tout le problème du diagnostic et du pronostic, des outils utilisés à tort si cela aboutit à figer les individus dans un avenir tout tracé. »
Je trouve cette déclaration grave et affligeante qui laisse supposer qu'il n'est pas bon de poser des diagnostics pour mettre un nom sur une maladie ou un handicap.

Mettre un nom sur un problème de santé n'est pas figer un individu dans un avenir tout tracé, c'est au contraire lui donner la possibilité d'intervenir pour se faire soigner et se faire aider.

Dans le cadre de l'autisme, un enfant autiste non diagnostiqué ne pourra pas bénéficier d'une éducation spécifique adaptée et ne pourra donc pas accéder à l'autonomie. Sans prises en charges adaptées, il restera sans langage adapté, sans possibilité de communiquer et ne pourra pas avoir accès aux apprentissages. Il continuera à avoir des comportement inadaptés car il ne comprendra pas son environnement.

S'il est diagnostiqué tôt, ses parents pourront mettre en place une programme éducatif spécifique à l'autisme et personnalisé. Les thérapies, Teacch, ABA, Pecs permettent de faire progresser les enfants autistes pour les amener vers l'autonomie, la communication, la sociabilisation et les apprentissages.

Poser un diagnostic c'est justement donner la possibilité de changer le destin d'une personne malade ou handicapée grâce aux prises en charge qui seront de ce fait mises en place.

Je n'arrive pas à comprendre qu'un pédopsychiatre aussi réputé puisse dire des choses aussi gravement fausses. C'est vraiment choquant !

mardi 24 avril 2012

Mon témoignage sur le web du cercle psy


C'est quand notre fils avait entre deux et 3 ans que nous avons commencé à trouver que son comportement était étrange. Entre la naissance et l'âge de deux ans, tout semblait normal. Un bébé souriant, calme, très calme. Mais cela ne nous semblait pas bizarre. Il est vrai qu'il avait un comportement très « pèpère ».
En revoyant les films que nous avons tourné de lui avant l'âge de deux ans, nous réalisons maintenant qu'il ne suivait pas du regard les personnes autour de lui et jouait peu. Sur le moment nous n'avions pas réalisé celà. Dans les grandes lignes il semblait se développer normalement : tenue assis, marcher, manger, tout cela se faisait au bon âge. Il allait à la crèche et voyait un pédiatre et tout le monde nous disait que tout allait bien.

Mais à l'âge de deux ans tout a commencé à se dégrader. Il a commencé à avoir de gros problèmes de sommeil, à ne pas vouloir s'endormir et à se réveiller la nuit et le jour il manifestait un comportement très très hyperactif. Après avoir vu un reportage sur l'hyperactivité à la télévision, j'ai alors pensé qu'il était hyperactif. J'ai cherché des informations sur ce sujet et me suis inscrite à un groupe de discussion sur ce sujet sur internet.
Les mois ont passé et le comportement de notre fils se dégradait sérieusement : progressivement il ne communiquait plus, n'utilisait plus correctement le langage, avait un comportement incohérent et de plus en plus hyperactif. Il se mettait en colère pour tout et ne supportait plus les autres enfants. Nous avons alors commencé à consulter un autre médecin que notre pédiatre et un psychologue. Qui n'ont pas su quoi nous répondre. Les seules pistes avancées étant notre incompétence à savoir élever notre enfant.
Puis notre fils est entré en maternelle. Nous avons continué à consulter d'autres médecins et d'autres psychologues. A chaque fois les hypothèses avancées portaient sur la façon dont nous éduquions notre fils. Les uns disant que s’il avait ces problèmes de comportement c’est que nous étions trop laxistes, les autres disant que nous consacrions plus de temps à notre travail qu’à notre enfant et que c’était sa façon de nous manifester son mécontentement afin d’attirer notre attention. Nous avons même entendu d’une psychologue que plus de fessées lui ferait certainement du bien. Au final, grâce aux informations données sur internet par les maman d’enfants hyperactifs nous avons obtenu un RV avec un pédopsychiatre de l’hôpital Robert Debré, à son cabinet privé. Ce dernier a tout de suite été alerté par le comportement inquiétant de Valentin et 15 jours plus tard Valentin passait un bilan complet au service de psychopathologie infantile de l’hôpital Robert Debré.
En parallèle, à l’école cela se passait très mal. Notre fils ne tenait pas en place, ne suivait pas les consignes, restait isolé, ne supportait pas les autres enfants et courait dans tous les sens. On nous a prié de le garder à la maison. J’ai dû interrompre mon travail. Après 1 semaine de bilan complet à l’hôpital, le résultat est tombé. On m’a annoncé que Valentin était autiste. Nous ne nous m’attendions pas du tout à ce diagnostic. Pour nous, un enfant autiste, c’était un enfant totalement mutique, qui se balance et vit sans sa bulle.
Ce qui a été le plus dur, c’est d’entendre cette phrase :« Ne faites plus de projet d’avenir pour votre enfant, il se sera certainement pas capable d’apprendre à lire et à écrire ».

J’ai eu ensuite une semaine encore avec l’équipe dans ce service qui m’a apporté des conseils sur ce que je devais mettre en place pour notre fils. Mais j’ai dû chercher moi-même les professionnels pour assurer le suivi. La seule chose qu’on m’avait dite était qui devait être suivi par une orthophoniste, des séances de psychomotricité et on m’a conseillé de prendre contact au plus vite avec une association de parents d’enfants autistes + les références d’un livre à lire : « L’autisme de la compréhension à l’intervention »de Théo Peeters. C’est ce qui nous a permis de partir sur de bonnes bases.
Pendant les mois qui ont suivi, j’ai consacré tout mon temps à chercher de l’information sur Internet auprès des parents dans la même situation afin de bénéficier de leur expérience, rencontrer des associations, assister à des groupes de paroles de parents, lire des livres (il y en avait peu à l’époque), assister à des formations, des conférences, des colloques et éduquer notre fils au quotidien. J’avais du totalement abandonner mon travail. Dès l’annonce du mot autisme, notre fils était totalement rejeté de l’école. J’ai dû alors mener des longues batailles avec l’Education Nationale pour le faire à nouveau retourner à l’école, deux heures par jour, puis 1 an après à mi-temps et obtenir l’aide d’une AVS. 3 années de maternelle cauchemardesques avec des enseignantes peu coopératives et des réunions avec l’inspection académique très houleuses dont le seul but était d’empêcher notre fils de rester à l’école et de nous forcer à le faire suivre par le CMPP. L’inspecteur de circonscription m’a dit lors d’une réunion « mais pourquoi vous obstinez vous à vouloir le maintenir à l’école ? Votre fils ne saura jamais ni lire, ni écrire, il n’en sera pas capable. Il faut qu’il entre à temps plein dans un hôpital de jour, c’est là qu’est sa place. Discours appuyé par la psychologue scolaire qui ajoutait que je devais essayer le packing sur mon fils, une méthode formidable qui donnait disait- elle d’excellents résultats.
A cette époque j’ai eu plusieurs rendez-vous avec un hôpital de jour et l’équipe du CMPP de notre quartier. Ces rendez-vous étranges méritent plusieurs pages de récits à eux seuls et m’ont conforté dans mon choix de ne pas faire suivre mon fils dans ce type d’établissements où je n’ai entendu que des discours psychanalytiques et culpabilisateurs de la part des professionnels.
Mois après mois j’ai mis en place des interventions avec une équipe de professionnels très compétentes autour notre fils, tous formés aux méthodes éducatives spécifiques à l’autisme (Teacch, Pecs, ABA). Un emploi du temps bien rempli, orthophonie 3 fois par semaine, psychomotricité, interventions à domicile d’une éducatrice formée à l’autisme, programme sur mesure réalisé par une psychologue formée aux approches éducative, accueil à l’école quelques heures par semaine avec l’aide d’une AVS et dans une halte garderie spécialisée dans l’accueil d’enfants handicapés.
Pendant 3 ans, 100 % de mon temps a été consacré à l’éducation spécifique de notre fils, aux batailles avec les administrations pour faire appliquer nos droits et ceux de notre fils, aux dossiers à remplir, aux formations à suivre pour être au top des compétences en autisme afin de faire progresser notre fils au mieux.
En fin de maternelle, ses progrès étaient importants mais ne lui permettait pas de suivre sereinement une scolarité en CP. Nous souhaitions qu’il intègre une clis pour enfants TED. Faute de place sur Paris où nous habitions nous avons alors déménagé en province où une CLIS TED avait une place libre. Il y a suivi une scolarité à temps plein pendant 3 ans puis a ensuite réintégré un cursus normal à temps plein du CP jusqu’en CM2 et maintenant au collège avec suivi par un Sessad TED et une AVS.
Le petit garçon à qui on avait prédit qu’il ne saurait jamais ni lire ni écrire est en classe de 5e au collège.
Cela fait 10 ans que mon mari et moi sommes plongés dans l’univers de l’autisme. Pendant ces 10 ans je me suis impliquée à fond dans l’éducation de notre fils mais aussi dans les associations de parents afin d’aider d’autres familles. Les années passent et je constate au travers des témoignages des parents que je rencontre que les problèmes restent les mêmes. Les parents ont toujours autant de mal à obtenir un diagnostic tôt, à trouver des professionnels compétents pour suivre leur enfant, à le scolariser sans conflit, à obtenir une AVS, à obtenir des aides financières des MDPH. Ils retrouvent toujours sur leur chemin des psychiatres ou des psychologues incompétents formés aux approches psychanalytiques et non aux approches éducatives qui font perdre à leur enfant de précieuses années dans des thérapies qui ne mènent nulle part et ne font pas progresser leur enfant.
Tout cela me met très en colère. Je suis scandalisée que la France soit toujours aussi en retard sur la prise en charge des personnes autistes, enfants et adultes. Rien n’est fait en France pour que les adultes autistes trouvent leur place dans la société et soit correctement encadrés. Je suis scandalisée que les psychiatres français imposent encore dans tous les grands services hospitaliers, CMPP, hôpitaux de jour, CAMPS, formation des étudiants etc… ces théories psychanalytiques d’un autre âge et qui ne donnent aucun résultats sur les personnes atteintes d’autisme. Il est temps que ce massacre cesse en France.